Cinéma Utopia Borderouge : L'étranger

Proposée par Abricotier

Date et lieu La sortie s'est déroulée à TOULOUSE (31200), le Mercredi 03 décembre 2025 à 13:30.	Participer à cette sortie Pour participer à cette sortie, il fallait être inscrit sur AmieZ Inscrivez-vous C'est gratuit, et c'est sans pub ! C'est bon esprit quoi... !
Avec AmieZ, on va se rencontrer... !Sortir sur TOULOUSE (31200) Sortir en Haute Garonne

DescriptionLe film commence à 13h50

L'ÉTRANGER
Réalisé par François OZON - France 2025 2h02mn - avec Benjamin Voisin, Rebecca Marder, Pierre Lottin, Christophe Malavoy, Denis Lavant, Swann Arlaud... Scénario de François Ozon et Philippe Piazzo d’après le roman d’Albert Camus.

C’est en travaillant sur un autre projet, traitant d’un jeune homme d’aujourd’hui désabusé, que François Ozon a relu L’Étranger d’Albert Camus qu’il avait découvert dans sa jeunesse, en se réjouissant d’y retrouver sa force intacte. L’un des rares [classiques] à faire partie du patrimoine littéraire français et à plaire aux lycéens. L’adaptation qu’il en a tirée, tournée en noir et blanc, est parfaitement réussie, fidèle et infidèle comme il se doit, sagace dans ses audaces.
Premier signe distinctif : Ozon se passe volontiers de la voix off et notamment du fameux incipit « Aujourd’hui, maman est morte ». Seuls deux passages emblématiques du livre sont repris tels quels. C’est peu. L’écriture sèche de Camus se voit ici sans doute estompée, sans disparaître tout à fait, surtout dans la première partie du film, plus aride et silencieuse.
Meursault, c’est son drôle de nom, est un modeste employé de bureau, à Alger, en 1938. Il prend deux jours de congé pour se rendre à l’enterrement de sa mère, en car. Le voyage est long, la chaleur accablante. Il arrive dans l’asile pour les vieux, y veille sa mère une nuit durant, avec des inconnus, en restant près du cercueil resté fermé. Il ne veut pas voir le visage de sa mère. Émotion, compassion, ces sentiments lui sont étrangers. Cela lui sera reproché ultérieurement, lors de son jugement pour le meurtre sans mobile clair d’un Arabe.
Ce personnage mythique, monstre d’indifférence, peut-être être d’orgueil, est une pure énigme, un bloc d’opacité. À la fois différent et proche de Bartleby (le scribe de Melville), Meursault symbolise une forme d’absurde qui appelle la métaphysique. Il parle peu, paraît insensible, absent au monde. Ozon n’en fait pas pour autant un être abstrait. Il parvient au contraire à le rendre éminemment sensuel, terrien, à travers la performance remarquable de Benjamin Voisin. À la fois indolent et ferme, animal et charnel dans sa manière de sommeiller au soleil, de fumer clope sur clope, de boire du café. Ni désespéré ni heureux, observateur et attentiste, Meursault n’espère rien de la vie, qu’il est le premier à trouver absurde. Et qu’il dévore par moments – il ne mange pas, il bâfre.
Le pari réussi d’Ozon est de rendre fascinant cet étranger à tout, criminel par son meurtre, criminel aussi vis-à-vis de l’ordre établi. Au-delà du bien et du mal, Meursault refuse le mensonge, le théâtre social, la comédie humaine, l’amour – cela ne signifie rien pour lui, lâche-t-il, sans honte, à sa maîtresse, avec laquelle il accepte pourtant de se marier malgré tout. Cette maîtresse, finement incarnée par Rebecca Marder, c’est « le plus » du film par rapport au livre. Elle existe davantage. Idem avec la sœur de l’Arabe tué, conscience du sort indigne réservé alors aux « indigènes », invisibilisés dans l’Algérie française.

Du temps a passé depuis 1942, date de la publication du roman ; il était presque nécessaire de remanier le contexte avec un regard d’aujourd’hui. Sans perdre le caractère à la fois banal et transcendantal de ce drame, où la lumière étincelante et le soleil aveuglant sont loin d’être des figurants. À la toute fin, une fois le générique lancé, l’incandescent titre de The Cure Killing an Arab, hommage déclaré quoique longtemps incompris au livre, vient couronner le film. (Jacques Morice, Télérama)

Après la séance Nous ferons un débriefing convivial sur le film pour prolonger le moment.
Café, thé, pâtisserie dans le cinéma.

Le cinéma est situé à proximité de la station de métro Borderouge sur la ligne B.

Participants

Ils étaient 5 participants

[La liste des personnes ayant participé à la sortie n'est visible que des personnes inscrites]

AmieZ, les rencontres gratuites de A à Z

Cinéma Utopia Borderouge : L'étranger

Ils étaient 5 participants