Les chèvres du pentagone

Proposée par *1881*

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Description(The men who stare at goats) de Grant HESLOV - USA 2009 1h35mn VOSTF - avec George Clooney, Ewan Mac Gregor, Jeff Bridges, Kevin Spacey... Scénario de Peter Straughan.

Les Chèvres du Pentagone est avant tout une comédie hilarante, croisement étrange entre le film satirique antimilitariste culte des années 70, M.A.S.H. de Robert Altman, et le cinéma décalé des frères Coen (pas étonnant puisque Grant Heslov est le producteur attitré des frères).
D’emblée le postulat du film pose l’absurde des situations : un journaliste raté (Ewan McGregor), que sa petite amie vient de plaquer pour partir avec un manchot, se retrouve à s’emmerder ferme à la recherche d’un scoop aux portes de l’Irak, dans un palace de Doha. Jusqu’à ce qu’il rencontre par hasard un militaire allumé, prétendant faire partie d’une unité secrète développant les facultés paranormales. Évidemment, quand vous saurez que le militaire en question est George Clooney, délirant en ahuri au milieu du désert irakien peuplé de résistants hostiles, posant en pyjama en se prenant pour un guerrier Jedi, capable d’hypnotiser de sanguinaires moudjahidins et de les rendre doux comme des agneaux, vous aurez compris le comique de la situation.

Tout aussi drôle, Jeff Bridges, en gourou psychédélique de l’unité, promoteur d’une guerre de l’esprit sous LSD, sans blessures létales, où seule la force de la pensée augmentée est prétendument capable de traverser les murs, lire les pensées, ou tuer d’un seul regard de pauvres chèvres-cobayes inoffensives. Son personnage est pour le coup un heureux croisement entre son Lebovski dans le film des Coen, pour le côté branleur à cheveux longs, et David Carradine en moine kung-fu… Un beau duo d’allumés plutôt sympas dans une guerre qui l’est beaucoup moins, et dans un contexte qui rappelle le décapant Rois du Désert où sévissait déjà Georges Clooney. Le seul méchant de l’affaire, c’est Kevin Spacey, idéal dans le rôle du militaire retors et jaloux des supposés pouvoirs de Jeff Bridges.

Tout cela nous vaut une succession de scènes et de situations cocasses et ridicules, qui se contenteraient de nous faire rire si elles ne reposaient pas sur un fond de vérité : le film est basé sur un livre d’enquête très sérieux de Jon Ronson, l’unité d’espionnage évoquée dans le film a réellement existé de 1981 à 1984, à l’époque de Reagan, dont on sait qu’il ne prenait aucune grande décision sans avoir consulté un astrologue ! On apprend aussi qu’on forma les Bérets Verts au camouflage psychologique pour qu’ils se prennent réellement pour des arbres ! Et il y a aussi des trucs plus tragicomiques, comme les techniques de torture psychologique qui consistaient, dans la prison d’Abu Graïb, à passer en boucle les tubes les plus ringards (en l’occurrence Titanic de Céline Dion) pour plonger les détenus dans un état second.
Et en fait cette joyeuse comédie s’avère plus corrosive qu’il n’y parait. Nous savions que l’uniforme pouvait parfaitement changer un être humain normalement constitué en total abruti soumis à tous les ordres imbéciles. Mais nous avions sous-estimé la folie qui dirige les états-majors.

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